2023-06-15 07:00
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Alélor, marque alsacienne de moutarde, raifort et condiments, fête ses 150 ans. Reprise en 2006 par Alain Trautmann et son père, l’entreprise a fait face aux crises grâce à sa production de raifort à 100 % alsacienne et ses 60 % de production de graines de moutarde locales.
Amélie RIGO - 15 juin 2023 à 07:00 | mis à jour le 03 juil. 2023 à 15:55 - Temps de lecture : 3 min
Raifort et moutarde n’ont pas de secret pour elle. L’entreprise familiale et alsacienne Alélor, basée à Mietesheim dans le Bas-Rhin, célèbre cette année ses 150 ans d’existence. Créée par les frères Stumpf en 1873 à Lingolsheim, Alélor est, depuis 2006, dirigée par la famille Trautmann à Mietesheim, à l’époque également propriétaire de la marque Raifalsa, fabricante de raifort.
« Alélor à Lingolsheim, c’était quatre étages, 30 personnes et deux millions d’euros de chiffres d’affaires, explique le président-directeur général de l’entreprise, Alain Trautmann. Raifalsa, c’était 700 000 euros de chiffre d’affaires. C’est le petit qui a racheté le grand. » Les deux ont fusionné au profit d’Alélor en 2009.
La maison Alélor détient également la marque Domaine des Terres Rouges depuis 2015. La famille Trautmann a ainsi pu accéder au marché des huiles et vinaigres en plus des moutardes aromatisées. Photo DNA /Thomas TOUSSAINT
« Ça nous a sauvés »
L’entreprise familiale emploie aujourd’hui 20 personnes, dont trois maîtres moutardiers, sans compter les huit intérimaires, sur un site de 2 000 m² comprenant stockage, usine de fabrication de moutarde, de transformation des racines de raifort, un espace de conditionnement et la boutique.
Les graines de moutarde chez Alélor proviennent à 60 % d’agriculteurs locaux. Elles sont brunes ou blanches. Photo DNA /Thomas TOUSSAINT
Grâce à un partenariat avec quinze agriculteurs locaux, Alélor est indépendante dans sa production de raifort alsacien. Du côté de la moutarde, la marque compte 29 agriculteurs partenaires (27 dans le Bas-Rhin et deux dans le Haut-Rhin). Une alliance précieuse pour Alélor dont la moutarde provient à 60 % de graines locales. « Ça nous a sauvés », souligne Alain Trautmann en référence à la pénurie de 2022, liée au dôme de chaleur survenu au Canada, principal exportateur mondial, et à la guerre en Ukraine.
En complément de la production locale, « on a réussi à conclure des marchés début mars 2022 à quatre fois le prix habituel ». Ce passage, au départ « douloureux », a même profité à Alélor, désormais présente dans d’autres grandes surfaces, hors région Grand Est, notamment en Île-de-France. « On s’est rendus visibles. »
De quatre à huit millions d’euros en un an
Pendant la crise, l’entreprise a doublé sa production et privilégié certains produits plutôt que d’autres. Elle a également dû augmenter ses prix de 20 % face à la hausse des coûts de l’énergie, des contenants, mais aussi des graines de moutarde et du vinaigre. Au final, elle a doublé son chiffre d’affaires. « On est passés de quatre millions en 2021 à huit millions en 2022 », détaille le PDG. Il ajoute : « Le 1er avril 2022, en pleine crise, on a lancé la moutarde à knacks et elle est troisième sur le podium des moutardes Alélor. »
L’entreprise a également investi pour le renouvellement de deux lignes de conditionnement en 2022 et une nouvelle machine pour le remplissage des tubes aluminium, capable de fournir 2 000 tubes à la journée contre 1 000 auparavant. Au mois de juillet, l’installation d’une troisième ligne de conditionnement est prévue, soit un investissement d’environ 150 000 euros. En manque d’espace de stockage, le bâtiment doit être agrandi de 1 000 m² pour cette entreprise locale dont les ambitions sont loin de s’amoindrir.